Chapitre 8 : Le Passage

On prépare le repas du soir dans la ville dôme. Le toit de l’étage supérieur des résidences est essentiellement une zone ouverte où se tiennent les exercices et les activités communautaires. Cette nuit, du fait des nouveaux arrivants, on donne un dîner spécial, sous forme de buffet. Les enfants courent le long du toit et dans les escaliers ou les rampes qui descendent à espace régulier vers le centre, se poursuivant et organisant des jeux. Une fanfare joue de la musique, un banjo, un violon et une caisse claire dans un étrange arrangement, avec quelques chanteurs qui sont remarquablement bons étant donné les circonstances. Des couples dansent sur la musique, venant s’agglutiner devant l’endroit où s’est mis la fanfare.

Jonah, Ian et le Colonel Cage ont une coupe en main et ils sirotent en bavardant. Ian et le Colonel Cage essaient de s’habituer à ce nouveau mode d’abondance et de sécurité. Ian pose avec anxiété des questions sur la sécurité, s’ils n’ont pas subi des raids ou des intrusions. Jonah dit, de manière factuelle, « Nous sommes protégés. » Cela fait froncer les sourcils de Ian. Se sont ils introduits par erreur dans le camp ennemi? Après avoir hésité un instant, il lâche, « Protégé par qui? »

Le Colonel Cage a observé la conversation, ses yeux passant de l’un à l’autre, avec un calme grandissant devant l’émergence de quelque chose de capital, son éducation militaire reprenant le dessus. Jonah dit, « Nous ne sommes pas seuls, nous ne l’avons jamais été, mais maintenant ils peuvent mieux venir à nous. » Ian a un regard vide d’incompréhension. « Vous savez, le peuple de l’espace, ils sont ici, et ils nous ont aidés à construire ceci. Oh, vous n’en verrez pas beaucoup, si ce n’est aucun, mais ils sont toujours autour de nous, et nous avons quelques enfants particuliers qui en sont la preuve. » Les yeux de Ian s’écarquillent en regardant intensément de visage de Jonah. Mais encore? « Venez, je vais vous montrer. »

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Netty flotte dans la chambre de refroidissement de la pièce des Premiers Secours, reprenant conscience maintenant que sa fièvre a baissé. Son visage qui était rose et congestionné est à présent pale, et ses yeux sont à peine ouvert. Elle réalise qu’elle est nue dans l’eau, et que Danny lui tient la tête afin quelle n’ingère pas d’eau. Danny ne sait pas qu’elle est consciente. Le couple qui tient le poste des Premiers Secours font des allées et venues, se préparant à la transporter sur un lit de camp. « Ca va aller, j’ai déjà vu cela avant, elle est aussi saine que les autres, et elle va s’en sortir. » L’homme plonge les mains dans l’eau et incline les hanches de Netty pour inspecter l’enflure. « Ca diminue. Encore 15 minutes. » Il jette un coup d’œil à Danny et dit, « Surveillez la pendant que nous préparons tout. » Disant cela, le couple quitte le poste de Premiers Secours.

Voyant qu’ils sont seuls, Netty parle. Danny, qui ne pensait absolument pas qu’elle était redevenue consciente, réagit en ouvrant grand les yeux. « Cela fait combien de jours? » « Seulement 3, mais tu t’es vite évanouie. C’est drôlement courageux ce que tu as fait là. Tu as sauvé la vie à Billy, c’est sûr. » Netty veut des détails, « Comment va… » Mais Danny va au devant de sa question, sachant ce qu’elle va demander, et l’interrompt « Oh, il va bien, pas une égratignure, c’est toi qui as tout pris, tu… » et trop ému, en se souvenant de l’incident, il s’arrête. Juste à ce moment, le couple rentre à nouveau dans la pièce et sourit à Netty, la voyant réveillée. « Votre chambre est prête si vous êtes prête à sortir du bain. »

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Jonas a emmené Ian et le Colonel Cage dans les jardins du centre de la ville dôme, là où les enfants s’amusent. Jonah est assis sur l’un des bancs qui se trouvent là, parlant chaleureusement et tranquillement à des enfants debout devant lui, comme s’il faisait cela souvent, qu’il les connaissait bien et avait un bon contact avec eux. Ils ont de grands lobes frontaux et un menton délicat, des yeux plus grands que la moyenne, et écoutent plus qu’ils ne parlent. Ils semblent anticiper leurs mouvements réciproques, l’un reculant en même temps que l’autre avance et ainsi de suite. On entend au loin des voix d’enfants qui font du vacarme.

L’enfant du milieu répond à Jonah autre chose que ce qu’il leur disait. « Ils s’habitueront vite parce qu’ils vivaient déjà comme nous. Tu verras, ils n’auront même pas d’efforts à faire. » Le Colonel Cage dit, « Comment le sais tu? » et l’enfant le regarde calmement et dit, « Vous avez raison de vous faire du souci, ils ont besoin de vous. Ils ne savent pas où vous chercher, ils ne savent pas où vous êtes. » Il y a un silence, et finalement le Colonel Cage dit, la gorge serrée à l’évidence, « Ils ont des ennuis? L’armée avait des installations! Ils avaient dit … Ils nous avait dit que … que … »

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A l’extérieur de la ville dôme, le Colonel Cage est sur le départ, et dit au revoir à Jonah. « Il faut que j’essaie, même si j’en meurs. Je n’ai aucune idée de la validité actuelle de ces cartes, c’est à plus de 300 kilomètres à vol d’oiseau, et Dieu seul sait si j’y arriverai et ce que trouverai là bas. » Le Colonel voyage léger, il porte une sacoche de tissu noir qu’il fait balancer sur son épaule en se retournant pour marcher vers les bois. Comme il disparaît, un grand Zêta gris apparaît aux côtés de Jonah. Jonah dit, en regardant toujours le Colonel disparaissant dans les bois, « Il va avoir besoin d’aide. » Puis levant les yeux vers le visage du Zêta, il dit, « Il a les qualités, il fait cela pour les autres, au péril de sa vie. » Le Zêta pose un moment la main sur l’épaule de Jonah, puis se précipite dans le direction du Colonel Cage.

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Le Colonel Cage marche dans les faubourgs de ce qui était avant une ville de taille moyenne. Il voyage de nuit, par sécurité, son corps de profil apparaissant brièvement sur fond d’un tas de débris en flammes que quelqu’un a amassé là et incendié. Des planches cassées pointent ici et là, au hasard, et des blocs de ciment tombés par terre jonchent les rues comme il se fraie un chemin à travers les décombres. Il y a des cris au loin, et des espèces de rires hystérique de temps en temps.

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La ville traversée maintenant, et voyageant de jour, le Colonel Cage est debout au bord d’une crevasse dans la terre. Les pieds de la colline qui donnent sur une vallée fluviale se sont soulevés, la terre nue exposée se démarquant nettement des arbres ou des champs de chaque côté. Il reste là à contempler la scène, le sourcil légèrement froncé, puis cherche une carte dans sa poche arrière, qu’il déplie, semblant de plus en plus perplexe. Il secoue finalement la tête et murmure dans sa barbe, « Si c’est cela le fleuve, alors j’ai fait 240 kilomètres en une journée! » Il replace la carte dans sa poche arrière, ramasse sa sacoche, et s’en va en descendant à grands pas le long des bords de la faille, vers le fleuve.

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C’est la nuit, la pluie tombe sans arrêt, détrempant tout. Perçant l’obscurité, le Colonel Cage doit plisser les yeux pendant plusieurs minutes pour apercevoir à l’occasion des silhouettes dans le noir. Sa progression a été lente, sur la dernière partie de son périple, mais il reconnaît le paysage, il est donc enfin très près de chez lui. Il est immobile, regardant à travers les vitres brisées de ce qui fut sa maison. Rien ne bouge, et il n’y a ni lumière ni sons. La voix d’un jeune garçon derrière lui dit, « Papa? »

Le Colonel Cage se retourne si vite qu’on le voit flou, alors qu’il soulève le petit garçon dans ses bras. Après s’être longuement serrés très fort dans les bras sans rien dire, moment pendant lequel ils semblent tous les deux ne pas vouloir lâcher l’autre, le Colonel repose le petit garçon et dit, la voix rauque, « Où sont John et ta mère? » « Ils vont bien, viens » Avec excitation et empressement dans la voix, il prend son père par la main. Ils trébuchent dans le noir, le Colonel Cage vacillant derrière son jeune fils, marchant tous deux trop vite pour l’occasion, mais trop impatients d’arriver là où des baisers les attendent.

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Le lendemain, ils marchent tous les quatre avec précaution le long d’une rampe d’arbres. Ils sont tous habillés de vêtements sombres qui se fondent dans le vert foncé et le jaune moutarde de la végétation détrempée, et quand ils se retrouvent à ciel ouvert, ils s’accroupissent et courent à pas précipités à travers champ, pour ne pas attirer l’attention de quiconque pourrait les voir. Le Colonel Cage est visiblement nerveux, mais il ne partage pas les raisons de ses craintes avec sa famille. Ils entendent des voix, et il signale à tout le monde de se coucher à terre et de ne faire aucun bruit. Le Colonel est blanc et il tremble, incapable de contrôler sa peur extrême de voir sa famille torturée et assassinée, comme il l’a vu fait pour d’autres. Il tient son cadet près de lui, et lui a mis une main sur la bouche, et signale du regard à sa femme et à son aîné que la situation est grave.

Un groupe d’hommes passe, qui parlent et se disputent. Une voix retentit presque au-dessus de l’endroit où est tapie la famille, se joignant à la conversation dont rien ne lui a échappé. La famille terrifiée entend le son d’une fermeture éclair qu’on ouvre puis le son d’une braguette qu’on referme ensuite. Celui qui vient de se soulager marche par dessus le plus jeune des garçons comme s’il ne le voyait pas, pour rejoindre les autres. Les autres regardent aussi dans sa direction, et semblent ne pas voir la famille, plaquée au sol et qui retient sa respiration. Comme ils poursuivent leur marche, on les voit observés par un grand Zêta debout près d’un arbre, les bras croisés sur la poitrine. La famille reste immobile jusqu’à ce qu’elles n’entendent plus les voix.

Le Colonel Cage relève doucement la tête et jette un regard alentour, et comme il ne voit rien, dit dans un murmure, « Suivez moi, mais faites le moins de bruit possible. » Il se déplace lentement pour ne pas faire craquer de brindille, n’accélérant l’allure qu’en atteignant une zone d’herbe le long d’un ruisseau où le bruit du courant couvre le chuintement de leurs jambes dans l’herbe. Quand il peut regarder dans toutes les directions et voir que l’horizon est libre, il pousse un soupir de soulagement et dit, « Je ne sais pas pourquoi ils ne nous ont pas vus, ils étaient juste sur nous, ce qui est le plus étrange. » Secouant la tête et fronçant légèrement les sourcils, il commence à comprendre en confrontant cet incident avec la rapidité avec laquelle il a voyagé. « Ce sont eux. » Son fils aîné le regarde d’un œil interrogateur sans obtenir d’explication pour autant.

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Le Colonel Cage, sa femme et ses enfants pénètrent à l’intérieur de la ville dôme, trempés, l’air fatigué, mais de toute évidence profondément heureux. Danny, qui prend son café du matin avec Rouge, éclabousse le liquide brûlant sur lui en sursautant à la vue de la famille, essayant de pointer le doigt vers eux tout en continuant de tenir la tasse. Il s’étouffe avec le café et tout en toussant, dit, « Ce sont eux! Ils ont réussi! J’étais sûr qu’ils réussiraient! » Le visage anguleux de Rouge se plisse de bonheur, mais il reste assis et savoure, sans bouger ni parler. La voix de Gros Tom résonne au loin, et combinée avec les piaulements de voix de Billy, cela fait pas mal de bruit. Tout le monde congratule la nouvelle famille.

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A l’intérieur de la ville dôme, la nuit, la lueur chatoyante du plafond s’assombrit pour simuler la nuit. Il n’y a aucun bruit si ce n’est le clapotis de la fontaine, parfois. Un tamia grignote un biscuit salé. Des canards près de la fontaine au centre du dôme cachent leurs têtes sous leurs ailes. Un petit singe descend des arbres et avance dans l’herbe à grandes enjambées. Il y a des animaux sauvages ici dans le bio dôme, vivant à l’état naturel et en liberté. Le plafond est éclairé par un laser situé au centre de la fontaine, qui fait luire le matériau lisse recouvrant le plafond. Les animaux sauvages, tous comme les hôtes humains, ont fait leur cette manière de jour et de nuit, sans difficulté, de façon si naturelle qu’après un jour ou deux ils ne l’ont même plus remarqué.

Un Zêta se matérialise soudain au centre de la pelouse, effrayant l’écureuil qui décampe. Il est rejoint par deux autres, et tous trois se dirigent à grands pas vers la rampe d’escalier. Ils montent en lévitation jusqu’à l’étage de résidences le plus haut, plutôt qu’ils ne prennent vraiment les marches. Cette lévitation se fait entre deux marches, sans qu’ils ne manquent une marche, comme une chose naturelle et quelque chose que tous trois savent que chacun va le faire, ensemble, sans qu’ils ne se disent mot. Ils atterrissent sur la zone de jardins qui encercle en continu le devant de toutes les résidences de chaque niveau, et que tous les hôtes de l’étage partagent. Les trois Zêtas font quelques longues enjambées le long du patio, puis s’arrêtent devant une porte close. Bien qu’ils n’aient ni frappé ni fait de bruit, la porte s’ouvre, et un Jonah endormi émerge en bas de pyjamas.

Ils se dévisagent tous pendant un moment, et puis Jonah dit, « A quelle distance sont ils? » Un des Zêtas bouge légèrement la main, et alors Jonah dit, d’une voix quelque peu alarmée, « Alors il faut faire quelque chose! Ils vont nous massacrer! Je sais comment ces types fonctionnent, ils tuent tout ce qu’ils ne peuvent pas contrôler! » Un Zêta lève la main, doucement, la paume vers le bas dans un geste pour le calmer, et Jonah dit, « Je ne peux pas me calmer, tous ces gens… » mais le Zêta change son geste et trace un demi cercle avec ses doigts devant lui et Jonah dit, « Oh, oh, d’accord, je sais que je vous ai demandé de m’aider, et si vous dites que ça va marcher, d’accord, d’accord, mais, au nom du Christ, si ce n’est pas le cas, on est mort. » Jonah est clairement nerveux de ce qu’ils se sont dits.

A l’extérieur de la ville dôme, on voit à peine le dôme gris sombre au clair de Lune. Les insectes vrombissent dans cette humide nuit d’été enveloppée de brume. Émergeant des bois, on voit le Général Flood et son acolyte, le tout petit et toujours prêt Sergent Hammond. Ils observent silencieusement la scène. « On peut y faire un trou sans problème, et ce sera à nous. »

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A la levée du jour, la ville dôme resplendit, du fait de la poussière volcanique qui réfléchit la lumière du Soleil. Un oiseau perché sur un roseau le long du fleuve accueille l’aube de son chant. Une botte se pose sur la boue des berges du fleuve, et se retire en faisant un bruit de succion. Une colonne de soldats se dirige vers la ville dôme. L’entrée du dôme a été ouverte, mais personne n’entre ni ne sort.

Un hélicoptère fait son apparition, et on entend une voix éclater. « C’est votre armée qui vous parle. Laissez entrer nos équipes d’inspection ou vous en subirez les conséquences. Laissez sortir vos chefs avec un drapeau blanc pour montrer que vous comprenez ces ordres. » L’hélicoptère vole lentement en cercle, bien au delà de la circonférence du dôme. Il n’y a d’abord aucune réponse en provenance de la ville dôme, puis Jonah apparaît, avec le Colonel Cage, Gros Tom, et les 3 soldats qui ont déserté avec le Colonel. Ils se confrontent avec finesse au Général en se montrant, car il ne supporte aucune insubordination.

Dans l’hélicoptère, le Général Flood a le visage rouge de colère. Il marmonne pour lui même et au pilote, « Il va mourir et mourir à petit feu. » Puis s’adressant à ses hommes au sol à travers le porte voix , « Mettez le missile en place, pour qu’ils le voient. » Un missile effilé et monté sur roues émerge des bois, poussé par une demi douzaine de soldats. Plusieurs autres soldats sortent aussi des arbres, se mettant en ligne le long de la lisière. Ils ne sont pas en uniforme. Certains ont des bandanas autour du crâne, d’autres ont les cheveux longs qu’ils portent en queue de cheval, d’autres encore se sont peints le visage, certains portent de longues machettes en guise de couteau, mais ils portent tous un pantalon de treillis et des bottes de l’armée. Il est clair que ce n’est plus une troupe militaire comme avant.

Quelque chose d’invisible se déplace dans l’herbe, comme si des portes coulissantes se mettaient en place. L’herbe s’aplatit et se sépare, les brins d’herbe s’écartant les uns des autres comme si on avait installé une paroi invisible. Cette ligne se déplace promptement avec le son des pales de l’hélicoptère qui battent fortement l’air. « Cage, je vais me taper ton foie comme dîner, et je vais te crever les yeux! » de l’intérieur de l’hélicoptère, le Général Flood parle à nouveau à ses hommes à travers le mégaphone. « Amener l’otage dehors et descendez le. »

Len est poussé en avant, les mains liées devant lui et un œil fermé et bouffi après qu’il ait été rendu borgne lors d’un accès de rage du Général au cours d’un interrogatoire. Il trébuche d’épuisement et chancèle, mais on le pousse en avant jusqu’à mi-chemin entre les représentants de la ville dôme et la troupe de militaires. A l’intérieur de la ville dôme, Clara est debout juste à l’entrée, regardant la scène. Ses yeux sont pleins de larmes et sa main se porte à sa bouche, mais elle ne dit rien, retenant sa respiration et sachant qu’elle ne peut influencer l’issue. Netty met son bras autour des épaules de Clara, en l’agrippant. Un coup de feu retentit et Clara s’évanouit, alors que plusieurs autres bras s’avancent pour l’agripper à leur tour, afin d’arrêter sa chute.

A l’intérieur de l’hélicoptère, le Général Flood dit avec arrogance dans le porte voix, « Tous les autres, vous avez cinq secondes pour lever les mains et laisser entrer mon équipe d’inspection, ou nous allons envoyer au ciel votre petit nid avec tous vos petits oisillons! Cinq secondes! Cinq, quatre, trois, deux, un. » Le Général Flood marque une pause, les muscles de son visage se contractant avec rage, la figure écarlate de colère d’avoir été défié. « Très bien les mecs, chopons les! »

Le groupe qui est debout devant la ville dôme reste sans bouger, ne sourcille pas. Ils s’attendaient à ce que les deux hommes détenus par le Général soient tués, ce n’est donc pas une surprise pour eux, ils ont connaissance du bouclier et qu’ils croient ou non qu’il va tenir, ils n’ont pas d’autre choix. La mort, pour eux et leur famille, est plus douce que d’être ravi par ce groupe. C’est pourquoi la porte d’entrée a été laissée ouverte, de sorte que si le bouclier échoue, tout le monde mourra d’un coup, en groupe. Gros Tom parle à voix basse à ses camarades, « C’est mieux comme ça que de vivre à la botte de tyrans, hein les gars? »

Le missile fait un bourdonnement, et en un éclair s’échappant du réacteur, il part si vite que l’œil ne peut le suivre. Tout aussi soudainement il heurte un bouclier invisible et l’explosion le pulvérise en arrière sur les hommes et les arbres, en un feu d’artifice qui grille tout sur son passage. Il y a un ou deux cris perçants, mais la mort est rapide. Alors que les flammes s’éteignent rapidement sur les reliquats du missile déchiqueté, on continue d’entendre dans les airs les pales de l’hélico.

Le Général Flood met une jambe à l’extérieur sur la marche de l’hélico, et se penche par la porte ouverte autant que sa ceinture de sécurité le lui permet, levant à nouveau son mégaphone et vociférant, « Vous n’avez pas le droit de faire ça, espèce d’enculés, c’est votre putain d’accord avec nous, rendez vous, rendez vous, j’ai dit! C’est le gouvernement qui parle, MJ12, nom de Dieu! Rendez vous tout de suite! » le pilote jette un regard nerveux au visage du Général, et voyant que rien ne saura le convaincre, bouge le manche pour amorcer la descente de l’hélico. L’hélico descend, heurte la barrière invisible, et explose en débris incandescents.

Le groupe debout devant la ville dôme sent que leur respiration revient. Le Colonel cage dit, un sourire grimaçant pointant sur les lèvres, « Il s’est fait avoir, il n’y a plus de MJ12, donc plus d’accord! » Les habitants de la ville dôme s’avancent, avec prudence d’abord. Ils regardent à droite et à gauche, bouche bée devant les dégâts. Martha se précipite pour embrasser son mari, suivie par l’aîné des fils du Colonel Cage, qui entoure le dos de son père, n’atteignant que son derrière. Ian a l’air soulagé. Il se retourne vivement et vomit, laissant la peur s’échapper maintenant que le danger est passé.